2015 CNGOF_RPC : Post-partum
Recommandations du CNGOF sur la gestion du post-partum
Version 02 Déc 2015 - 838 Ko
OBJECTIFS – Déterminer la prise en charge des femmes et des nouveau-nés en postpartum, que l’accouchement ait eu lieu par voie basse ou par césarienne.
METHODES – Consultation de la base de données Medline, de la Cochrane Library et des recommandations des sociétés savantes françaises et étrangères. Ce texte court ne met en exergue que les éléments nouveaux et/ou jugés fondamentaux par le groupe de travail.
RESULTATS – Parce qu’il est associé à une diminution de la morbidité néonatale (moindre fréquence de pathologies cardio-vasculaires, infectieuses, atopiques et d’obésité infantile) (NP2) ainsi qu’ à un meilleur développement cognitif (NP2), un allaitement maternel exclusif et prolongé est recommandé (grade B) entre 4 et 6 mois (accord professionnel). Dans le but d’augmenter le taux d’initiation de l’allaitement maternel ainsi que sa durée, il est recommandé que les professionnels de santé accompagnent les mères dans leur projet (grade A) et de promouvoir un allaitement maternel à la demande (grade B). Il n’existe pas d’argument scientifique pour recommander des mesures non pharmacologiques pour l’inhibition de la lactation (accord professionnel). Les traitements pharmacologiques de l’inhibition de la lactation ne doivent pas être prescrits de façon systématique aux femmes qui ne souhaitent pas allaiter (accord professionnel). La bromocriptine n’a plus sa place dans l’inhibition de la lactation en raison des effets secondaires potentiellement graves (accord professionnel). Pour les femmes informées des risques, qui souhaitent cependant un traitement pharmacologique de l’inhibition de la lactation, le lisuride et la cabergoline sont les médicaments à privilégier (accord professionnel). Quel que soit le mode d’accouchement, la réalisation d’une numération formule sanguine n’est pas systématique (accord professionnel). Une supplémentation martiale orale n’est réalisée que dans les cas d’anémie biologiquement prouvée (accord professionnel). Le seul traitement étiologique des céphalées en rapport avec une brèche méningée est le blood-patch (NP2), celui-ci ne devant pas être réalisé avant 48 h (accord professionnel). Le statut vaccinal des femmes et de leur entourage est à évaluer (accord professionnel). La surveillance postopératoire immédiate après césarienne (sous anesthésie locorégionale ou générale), doit se dérouler en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) à proximité de la salle de naissance (accord professionnel). Un protocole antalgique multimodal doit être élaboré par l’équipe médicale (accord professionnel). L’administration par voie orale des antalgiques doit être privilégiée et utilisée de façon systématique pendant les premiers jours postopératoires (accord professionnel). Pour toute césarienne, une thromboprophylaxie par bas anti-thrombose (BAT) systématique mis le jour de l’intervention et à garder pour une durée d’au moins 7 jours est recommandée (accord professionnel) avec ou sans l’adjonction d’HBPM selon la présence ou non defacteurs de risque supplémentaires, et selon le type de facteur de risque (majeur, mineur). La réhabilitation postopératoire précoce est encouragée (accord professionnel). La consultation postnatale est recommandée et est à réaliser dans les 6 à 8 semaines qui suivent l’accouchement (accord professionnel). La stratégie contraceptive en post-partum immédiat (dans les 6 semaines) est la même que la femme allaite ou non (accord professionnel). Il est recommandé de débuter une contraception efficace au plus tard 21 jours après l’accouchement chez les femmes ne souhaitant pas de grossesse rapprochée (grade B), et de la prescrire à la sortie de la maternité (accord professionnel). Compte tenu de l’augmentation du risque thromboembolique veineux après l’accouchement, il est recommandé de ne pas utiliser une contraception estroprogestative avant 6 semaines en post-partum (grade B). La rééducation périnéale chez les femmes asymptomatiques à 3 mois n’est pas recommandée (accord professionnel). Elle est recommandée pour traiter une incontinence urinaire persistant à 3 mois du post-partum (grade A), quel que soit le type d’incontinence. La rééducation périnéale du post-partum est recommandée pour traiter une incontinence anale du post-partum (grade C). La rééducation périnéale du postpartum n’est pas recommandée pour traiter ou prévenir un prolapsus (grade C) ou des dyspareunies (grade C). La durée optimale de séjour à la maternité pour le nouveau-né est fonction de l’organisation à la sortie, du suivi médical et de l’accompagnement ultérieur (accord professionnel).
Les mois qui suivent la naissance d’un enfant constituent une période de transition et de remaniements psychologiques pour tous les parents (NP2). Elle est plus difficile à traverser en cas de facteurs de risque psychosociaux (NP2). Dans les situations de difficultés psychiques avérées, l’impact sur le développement psychoaffectif de l’enfant peut être important (NP3). Parmi ces difficultés, la dépression postnatale est la situation la plus courante. Cependant, le risque est globalement accru en période périnatale pour l’ensemble des troubles psychiques (NP3).
CONCLUSION – Le post-partum constitue, pour les cliniciens, une occasion unique et privilégiée d’aborder la santé physique, psychique et sociale des femmes et de leur enfant.