doi: 10.1016/j.jogoh.2022.102509. Epub 2022 Nov 21.
Camille Le Ray et col
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 Apports de cette étude

• L’enquête Nationale Périnatale de 2021 complète les données fournies par les systèmes d’information de routine sur les caractéristiques maternelles, les comportements préventifs et les pratiques médicales.
• Le taux d’obésité maternelle a continué d’augmenter considérablement.
• Certains comportements préventifs sont améliorés comme une diminution de la consommation de tabac pendant la grossesse entre 2016 et 2021.
• En 2021, le déclenchement artificiel du travail était plus fréquent, et concernait un quart des femmes en France.
• Les interventions médicales pendant le travail ont considérablement diminué : rupture artificielle des membranes, utilisation d’ocytocine et épisiotomie.
• L’allaitement maternel exclusif a très légèrement augmenté entre 2016 et 2021 et a concerné un peu plus de la moitié des femmes en service post-partum.

RÉSUMÉ

Objectif : Rendre compte des résultats de l’Enquête nationale périnatale (ENP) 2021 en France métropolitaine et évaluer l’évolution des principaux indicateurs de santé périnatale, des pratiques médicales et des facteurs de risque en France depuis 1995.

Population et méthode : Tous les échantillons comprenaient toutes les femmes accouchant à un âge gestationnel d’au moins 22 SA et/ou d’un nourrisson pesant au moins 500 grammes dans toutes les maternités de France métropolitaine pendant une semaine en 1995 (N=13 048), 2003 (N=14 324), 2010 (N=14 546), 2016 (N=12 553), et 2021 (N=12 088). Les données provenaient d’entretiens post-partum des femmes dans l’établissement et de leurs dossiers médicaux. Les comparaisons entre les enquêtes ont révélé des tendances au fil du temps.

Résultats : Entre 1995 et 2021, les caractéristiques maternelles ont changé.

• L’âge maternel et la fréquence des femmes obèses ont augmenté : en 2021, 24,6 % des femmes avaient 35 ans ou plus (21,1 % en 2016, 19,2 % en 2010, 15,9 % en 2003 et 12,4 % en 1995) et 14,4 % étaient obèses (11,8 % en 2016, 9,9 % en 2010 et 7,4 % en 2003).
• Le nombre de femmes de nationalité étrangère accouchant en France métropolitaine a augmenté de manière significative entre 2016 et 2021, alors que la différence entre 2010 et 2016 n’était pas significative.
• Certains comportements de prévention prénatale qui se sont améliorés en 2021 comme l’interdiction de fumer au cours du troisième trimestre, l’administration de foliques acides avant la grossesse et la vaccination contre la grippe. Le pourcentage de femmes ayant un rendez-vous prénatal précoce (« 4^ièmemois de rendez-vous »), mis en œuvre pour faciliter le dépistage de la vulnérabilité maternelle pendant la grossesse, a continué d’augmenter. Le pourcentage de femmes recevant des soins prénatals de sages-femmes a fortement augmenté (39,0 % en 2021 contre 11,7 % en 2016). Le dépistage sérique du syndrome de Down continue d’augmenter (91,8 % des femmes en 2021).
• Le taux de déclenchement artificiel du travail a considérablement augmenté (20,2 % en 1995 et 25,8 % en 2021).
• Le mode d’accouchement n’a pas beaucoup varié depuis 2003; En 2021, le taux de césarienne était de 21,4% et le taux d’accouchement vaginal instrumental de 12,4%. L’épisiotomie était de plus en plus rare, tant chez les femmes primipares que multipares (16,5 % et 2,9 % en 2021, respectivement).
• La prévalence de l’infection par le coronavirus (SARS-CoV2) pendant la grossesse était de 5,7%.
• Les naissances vivantes prématurées ont augmenté régulièrement, légèrement mais significativement au cours de la période 1995-2016, puis sont demeurées stables entre 2016 et 2021 (7,0 %).
• En 2021, 56,3 % des femmes ont allaité exclusivement au sein pendant leur séjour à l’hôpital, une augmentation modeste par rapport à 2016 (54,6 %).

Conclusion

Les enquêtes nationales de routine sur la périnatalité mettent en évidence des tendances positives au fil du temps dans certaines pratiques préventives, une diminution de certaines interventions médicales conformes aux directives nationales et le rôle croissant des sages-femmes dans les soins prénatals. Néanmoins, certains indicateurs restent loin d’être optimaux et nécessitent des analyses plus détaillées.