ANAES 2004_Évaluation de l’intérêt du dépistage de l’infection à CMV chez la femme enceinte en France
Recommandations de l'ANAES sur le dépistage du CMV publiées en 2004
Version 01 Sep 2004 - 43 Ko
Dans l’objectif de diminuer la prévalence des infections graves et des séquelles chez l’enfant, le dépistage de l’infection à CMV pourrait être envisagé dans le cadre de deux types d’interventions complémentaires, mais qui, en l’état actuel des connaissances et des techniques, ne peuvent être retenues :
– l’identification des femmes séronégatives pour proposer des mesures de prévention primaire : en l’absence de vaccin disponible, seules les mesures d’hygiène peuvent être proposées, mais elles n’ont pas été évaluées en termes de faisabilité et d’efficacité
– le diagnostic prénatal de l’infection fœtale afin d’en évaluer la gravité et le pronostic : en l’absence de traitement prénatal validé, les seules interventions seraient la proposition d’une IMG dans les formes graves ou le suivi néonatal afin de dépister et prendre en charge les séquelles, en particulier chez les enfants asymptomatiques.
Dans ce contexte, le dépistage sérologique systématique de l’infection à CMV pendant la grossesse n’est pas justifié en 2004, les critères OMS n’étant pas tous remplis : (i) absence de traitement, (ii) données épidémiologiques incomplètes (infection secondaire, séquelles sensorielles tardives), (iii) performance des tests sérologiques variable, (iv) difficulté d’établir le pronostic (v) prise en charge non consensuelle, (vi) conséquences négatives du dépistage (anxiété, fausses couches iatrogènes liées à l’amniocentèse, IMG) prédominant sur les risques de déficit ou de séquelle grave.
Pour ces mêmes raisons, un dépistage en préconceptionnel ou ciblé sur la population à risque ne semble pas pertinent (dimension large de la population, incertitudes sur les infections secondaires).
Dans tous les cas, l’information concernant des mesures d’hygiène universelles doit être donnée aux femmes enceintes (rapport Anaes en cours) et, si un dépistage sérologique a été réalisé, un diagnostic de séroconversion doit conduire à une prise en charge spécialisée par un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal.
Ces conclusions devront être revues dès que seront disponibles une thérapeutique antivirale efficace ou des marqueurs pronostiques de l’atteinte fœtale valides et fiables.
En complément d’une étude épidémiologique initiée par l’InVS en 2004, plusieurs travaux devraient être débutés :
– élaboration de recommandations de bonnes pratiques sur la conduite à tenir en cas de diagnostic de séroconversion (modalités de prise en charge) et en cas de diagnostic d’infection fœtale (évaluation du pronostic)
– évaluation des mesures d’hygiène proposées par le CSHP
– estimation de la fréquence des déficits et des séquelles à long terme
– essais cliniques avec les nouvelles thérapeutiques antivirales
– étude des infections secondaires.